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Le traitement chirurgical de l'obésité peut améliorer le sommeil et réduire les ronflements
Deux études américaine et espagnole présentées au Congrès annuel de la Société Européenne de Pneumologie (ERS) ? Stockholm ont révélé que les avantages d'un traitement chirurgical de l'obésité (ou chirurgie bariatrique pour les spécialistes) pouvaient aller bien au-del? de la réduction importante de poids qui en constitue la principale raison d'être. Il permet en effet de réduire sensiblement, voire de supprimer les arrêts respiratoires, ou apnées, durant le sommeil. Ces apnées nocturnes sont ? l'origine des ronflements, et représentent un facteur de risque reconnu des maladies cardiovasculaires.
Il est inutile de rappeler que l'obésité constitue aujourd'hui un problème de santé publique majeur partout dans le monde, et que selon toutes les projections cette épidémie ne cessera d'empirer d'année en année.
Or, l'obésité ne se limite pas ? sa dimension esthétique, puisque les kilos superflus accumulés ont un retentissement néfaste sur la santé en général et sur diverses fonctions bien spécifiques de l'organisme.
En pneumologie, notamment, il a été démontré depuis longtemps qu'elle était associée ? une grave perturbation du sommeil, et plus particulièrement ? des apnées obstructives nocturnes, dont le ronflement est l'une des principales conséquences.
Car chez les sujets obèses, la graisse accumulée au niveau du cou rend la zone de passage de l'air plus étroite que chez les sujets de poids normal. Le rel?chement du tonus des muscles de la gorge pendant le sommeil renforce encore l'étroitesse de cette zone de passage, et ? l'extrême l'obstrue temporairement lorsque les muscles sont complètement rel?chés. Ces modifications de calibre entra?nent une diminution du flux respiratoire (nommée hypopnée par les spécialistes), ou carrément une pause respiratoire (apnée). Cette obstruction ne sera levée que lorsque la baisse du taux d'oxygène et l'augmentation du taux de gaz carbonique dans le sang auront atteint les niveaux d'alerte qui déclenchent le réflexe respiratoire.
La reprise respiratoire qui suit une apnée est en général très bruyante: c'est le ronflement le plus classique. Compte tenu des autres conséquences néfastes des apnées, les ronfleurs ont donc intérêt ? viser une perte de poids, obtenue généralement gr?ce ? une meilleure hygiène de vie, et notamment une activité physique soutenue ainsi qu'une restriction des apports alimentaires (régimes).
Plus de ronfleurs que prévu
Ces mesures sont cependant notoirement insuffisantes pour ramener des individus très obèses vers une zone de poids plus salutaire pour leur santé. C'est pourquoi un certain nombre de techniques chirurgicales, regroupées sous le terme de -chirurgie bariatrique- ont été proposées pour ces patients, avec souvent d'excellents résultats en terme de réduction de poids.
Les deux études présentées ? Stockholm montrent aujourd'hui que le bénéfice de ce type de chirurgie dépasse largement cette simple perte de poids, et que les patients ainsi traités en bénéficient aussi en termes de qualité de sommeil.
C'est le cas par exemple du travail présenté au Congrès de l'ERS par l'équipe d'Ana Maria Fortuna, du département de pneumologie ? l'Hôpital de la Santa Creu y Sant Pau de Barcelone. Nous avons déterminé la fréquence du syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAOS) chez 31 patients obèses avant qu'ils ne bénéficient d'une chirurgie bariatrique, puis nous avons mesuré les bénéfices, en termes d'apnées nocturnes, que leur avait apportés la perte de poids associée ? cette chirurgie, a expliqué ? Stockholm la chercheuse espagnole. L'indice de masse corporelle (IMC) moyen initial de ces sujets était de 47, ce qui pour une personne de 170 cm correspondrait ? un poids d'environ 135 kg, contre les 72 kg que pèse une personne normale de cette taille.
La première chose que les chercheurs de Barcelone ont mis en évidence, c'est que ces personnes étaient très nombreuses ? souffrir d'apnée, plus nombreuses même que ce qu'on croyait. En effet, 19 patients sur 31 (une prévalence de 61%) se sont révélés souffrir du syndrome d'apnée obstructive du sommeil, alors que cela n'avait été diagnostiqué que chez quatre d'entre eux avant l'étude. Parmi eux, les chercheurs ont retrouvé la prédominance typique masculine connue du syndrome d'apnées obstructives du sommeil ( SAOS ): sur les dix hommes inclus dans l'étude, neuf se sont révélés apnéiques.
De 20 ? 40 minutes sans respirer
En outre, la sévérité du SAOS chez ces patients très obèses a frappé l'équipe catalane. Sur les 19 personnes diagnostiquées, 14 avaient un indice d'apnée/hypopnée (IAH) supérieur ? 15, ce qui veut dire qu'elle s'arrêtaient de respirer durant plus de 10 secondes au moins 15 fois chaque heure. Cet indice grimpait même ? 30 pour 11 des patients, a expliqué Ana Maria Fortuna. Un simple calcul montre que pour une nuit de huit heures, ces sujets faisaient toutes les nuits de 120 ? 240 pauses respiratoires d'au moins 10 secondes, soit l'équivalent de 20 ? 40 minutes sans respirer!
En se concentrant sur les 14 patients les plus sévèrement atteints, les investigateurs espagnols ont cherché ? voir comment avait évolué leur SAOS après le traitement chirurgical de leur obésité, une fois que leur poids se fut stabilisé soit en moyenne après un an et demi ? deux ans. A ce stade, l'IMC était tombé ? des valeurs comprises entre 25 et 30 selon les individus, ce qui signifie que la plupart d'entre eux n'étaient plus obèses mais seulement en surpoids. Ils avaient perdu gr?ce ? l'opération de 35 ? 65 kg.
Et comme Ana Maria Fortuna et ses collègues l'ont révélé au congrès de l'ERS, cette diminution de poids a été extrêmement salutaire sur le plan du SAOS. Après la chirurgie, l'indice moyen d'apnée/ hypopnée (IAH) est tombé de 59 ? 9, et il n'y avait plus que trois patients ayant un IAH encore supérieur ? 15, a précisé la chercheuse catalane.
La conclusion de cette étude espagnole est donc très claire. Non seulement les patients candidats ? la chirurgie de l'obésité présentent une grande prévalence de SAOS, mais ce traitement chirurgical de l'obésité permet de réduire les apnées, et donc indirectement de faire un sort au ronflement. Il améliore en outre le SAOS, ce qui permet aux patients de ne plus avoir besoin d'être traités pour leurs troubles du sommeil. Ce sont des éléments qui suggèrent que l'on devrait dépister systématiquement les troubles du sommeil chez ces obèses, ont conclu Ana Maria Fortuna et son équipe.
De 3 ? 4 fois moins d'apnées 2 ans plus tard
L'autre étude présentée sur ce sujet au congrès de l'ERS a été entreprise par une équipe de Salt Lake City (Etats-Unis), sous la responsabilité de James Walker, du Intermountain Sleep Disorders Center ? l'hôpital LDS. Les sujets concernés, 22 hommes et 131 femmes, étaient également des obèses sévères (Indice de Masse Corporelle moyen IMC de 47-48), qui présentaient pratiquement tous un syndrome d'apnée obstructive du sommeil (95% des hommes et 83% des femmes).
Comme dans l'étude espagnole, James Walker et ses collègues ont premièrement enregistré chez leurs sujets une réduction substantielle du poids suite ? une chirurgie bariatrique: en moyenne, 26 mois après la chirurgie, la perte de poids était de l'ordre de 55 kg chez les hommes, les amenant ? un poids moyen de 112 kg, et de 43 kg chez les femmes, dont le poids moyen était alors de 84 kg, a expliqué le chercheur américain. Mais cet amaigrissement a surtout permis de diminuer drastiquement le nombre d'apnées et d'hypopnées des patients, tant chez les hommes que chez les femmes, soit respectivement 10 par heure au lieu de 40 et 7 par heure au lieu de 20, a poursuivi James Walker.
La chirurgie bariatrique a ainsi permis de normaliser la respiration nocturne et la concentration du sang en oxygène durant le sommeil. Mieux, comme l'équipe de Salt Lake City l'a expliqué ? Stockholm: les patients ayant bénéficié de ce traitement chirurgical de l'obésité ont également vu diminuer leur résistance ? l'insuline, une caractéristique du syndrome métabolique dont on sait qu'il est lié au risque cardiovasculaire et au diabète.
Publié le 10-10-2007